Le thrène et un chant funèbre accompagné de danses.
Te survivre ne va pas de soi.
Je ne crois à aucune survie hors celle qui est la mienne pour aujourd’hui et qui
reprend la peine au réveil.
Je ne crois à aucun commerce avec les morts hormis celui que j’entretiens avec
ton empreinte en moi.
Je ne crois à aucune vie éternelle, nous ne nous retrouverons jamais nulle part,
et c’est précisément ce défoncement du futur qu’aucun travail de deuil ne
remblaiera en quoi consiste la tristesse, cette tristesse qui disparaîtra à son
tour avec « moi ».
Il y a un mois mourait ma femme. Je ne peux dire tu mourais, d’un tu affolant,
sans destinataire ; et je dis bien « mourait », non pas dépérissait ou lisait ou
voyageait ou dormait ou riait, mais « mourait », comme si c’était un verbe,
comme s’il y avait un sujet à ce verbe parmi d’autres.
Le livre sera non paginé parce que chaque page, ou presque, pourrait être la
première, ou la nième. Tout recommence à chaque page ; tout finit à chaque page.
M. D.