Paru en 2007, À perte de mère est le deuxième livre de Saidiya Hartman.
L'écriture est celle, contre-disciplinaire, de la recherche d'archives, de
l'analyse, du journal, de la poésie, de l'autobiographie ; confrontée aux
trajectoires de déportation d'une rive à l'autre de l'Atlantique, aux vies
décimées et bouleversées par la traite négrière esclavagiste. Au fil de
l'apprentissage et de la transformation personnelle et politique de Hartman se
dessine un futur dans l'expérience présente du passé, ceci par un geste double
que l'autrice explique comme « une lutte contre les limites de l'archive pour
écrire une histoire culturelle de læ captif·ve, et, en même temps, comme une
mise en acte de l'impossibilité de représenter les vies des captif·ves,
précisément à travers le processus narratif ».
Comment fait-on l'expérience de l'histoire de l'esclavage ? Comment la fait-on
déjà, encore ? Comment cette histoire se poursuit-elle ? Ce récit d'un voyage au
Ghana par l'historienne suit les traces – matérielles, sociales, relationnelles
– de la traite atlantique esclavagiste : architectures, conflits, amitiés. Pour
emprunter les mots de Robin Kelley, Hartman est « étrangère à la recherche
d'étranger·es », elle questionne le mode de formation des savoirs, les rapports
de pouvoir en jeu dans la constitution de ce qui fait mémoire d'un passé.
Le livre est publié dans une traduction de Maboula Soumahoro, également autrice
de la préface « À vingt-mille lieues de la mère », et accompagné de l'article «
Vénus en deux actes », traduit par Émilie Notéris.