Voici trois récits dans lesquels Constant se donne à voir dans sa vérité : l'un
des esprits les plus brillants et les plus complexes d'une époque qui ne l'est
pas moins (1767-1830). Voici un homme libre, mais presque toujours enchaîné par
les femmes, le jeu, la politique. On le trouvera précis et fantasque, ingénu et
blasé. Il interroge sa vie, questionne son impuissance, analyse ses désirs.
Adolphe est la tragédie de la faiblesse, et la tragédie de la lucidité. Le
Cahier rouge est une autobiographie inachevée (restée inédite jusqu'en 1907) où,
à la manière de Rousseau, l'auteur raconte sans complaisance les vingt premières
années de sa vie. Dans Cécile, il revient sur les quinze années de passion, de
séduction, de trahison envers celle qui deviendra finalement sa seconde femme,
Charlotte de Hardenberg. L'ombre de Mme de Staël, toujours aimée, toujours
quittée, plane ici partout. L'âme de ce livre, c'est l'âme de Constant lui-même
: une planche d'anatomie mentale, une expérience de dissection personnelle, où
l'analyse psychologique est l'unique ressort du romanesque. Entre les derniers
feux du classicisme et les débuts du romantisme appelé à triompher, Constant
nous offre un étonnant appel vers l'autofiction d'aujourd'hui.