Quand, au petit matin du 19 juillet 1936, les militaires factieux sortirent de
leurs casernes en pensant s'emparer facilement de Barcelone, ils trouvèrent en
face d'eux les comités de défense de la Confédération nationale du travail (CNT)
appuyés par toute une population ouvrière dressée contre le fascisme. En fin
d'après-midi, le général Goded, l'un des organisateurs du soulèvement avec
Franco, arrivé des Baléares pour prendre le commandement de la ville, doit
reconnaître sa défaite. Cette victoire populaire contraignit le gouvernement de
la République à organiser la résistance contre les nationalistes, au lieu de
pactiser avec eux. En Catalogne, les ouvriers armés se retrouvèrent non
seulement maîtres de la rue, mais aussi en charge de nombreuses entreprises
abandonnées par leurs propriétaires. Leurs organisations, et d'abord la plus
puissante d'entre elles, cette CNT redevenue légale seulement quelques mois
auparavant, participent à la direction de la guerre contre les fascistes, à
celle de l'économie et de l'ensemble des activités sociales. Mais en accordant
une priorité absolue à cette lutte contre le fascisme, la direction de la CNT va
aider l'État à se réapproprier ce pouvoir acquis par les ouvriers les armes à la
main. C'est aussi à Barcelone, en mai 1937, qu'aura lieu une nouvelle étape dans
cette reconquête, malgré une puissante riposte armée des ouvriers, qui sera
suivie de leur défaite politique et d'une vague de répression contre les
militants révolutionnaires.