La Vie de Christine l’Admirable ressemble à un roman gothique d’Italo Calvino, à
ceci près que l’ouvrage fut rédigé en 1232 à Saint-Trond en Hesbaye par un jeune
dominicain, huit ans après son décès, sur la foi de témoignages recueillis sur
place avec la plus grande circonspection. La protagoniste du récit est l'une de
ces nombreuses femmes du diocèse de Liège qui avaient choisi de mener une vie
sainte sans entrer dans une institution établie. Elle constitue en même temps
une anomalie, tant les pénitences qu'elle s'inflige sortent de l'ordinaire et
s'apparentent parfois au comportement de chamanes. Son cas invite ainsi à
réfléchir à la persistance dans les dévotions médiévales de mémoires plus
anciennes. Ses manières étranges, auxquelles Nick Cave a été sensible en lui
consacrant une chanson, conduisent à poser la question de la réalité du
merveilleux dans l'histoire. L'ouvrage se compose d'une traduction de sa Vie,
dont le texte latin fait l’objet d’une édition critique présentée en annexe, de
commentaires historiques et d’un essai d’interprétation anthropologique.