Comme tant d'auteurs de la fin du XIXᵉ siècle, Villiers de l'Isle-Adam a mis
dans ces Contes cruels (1883) toute son aversion pour la société bourgeoise de
son temps. Ce ne sont pas les histoires qui sont cruelles, ni les personnages
qu'elles recèlent : c'est l'auteur lui-même qui, avec une ironie sanglante, met
au jour les travers d'une civilisation au bord de la crise spirituelle. Que ce
soit par la satire, comme dans "Les Demoiselles de Bienfilâtre" et "La Machine à
gloire", ou par la fantaisie, comme dans "Véra" et "L'Intersigne", chacun de ces
contes donne à voir un autre monde possible et nous invite à nous affranchir
d'une société matérialiste et positiviste, pour découvrir cette autre réalité
dont l'écrivain atteste l'existence.