Le geste de la modernité – viser la maîtrise, non seulement de l’ensemble des
formes naturelles, mais également du monde comme totalité – est aujourd’hui
invalidé par les conséquences qui en découlent dont le phénomène du « changement
climatique global d’origine humaine » est la plus déterminante. À cette
transformation, à toutes les échelles, des conditions de vie sur Terre, à
laquelle a été donné le nom d’« Anthropocène », correspond le renouvellement de
l’idée formulée depuis longtemps par les écologistes selon laquelle nous sommes
tenus par les limites de notre planète. Plutôt qu’à la multiplication des
performances techniques que suppose une hypothétique conquête de l’espace,
répétant nos rêves de prédation, c’est à un « retour sur Terre » que la crise
environnementale nous confronte ; à une culture, aventureuse et responsable, des
rapports à créer avec l’intrication infinie des êtres qui la peuplent. Cet
ouvrage rassemble six essais de philosophes, historien·nes, anthropologues et
sociologues qui ont tout·es contribué à renouveler, depuis leur domaine de
recherche, la prise en compte des enjeux écologiques dans les sciences humaines
et la pensée politique.
Textes réunis et présentés par Émilie Hache
Bruno Latour, Christophe Bonneuil et Pierre de Jouvancourt, Dipesh Chakrabarty,
Isabelle Stengers, Giovanna Di Chiro, Déborah Danowski et Eduardo Viveiros de
Castro