"Tout ce que je touche me fait mal, et, enragé des supplices que je veux
attribuer à des puissances inconnues qui me persécutent et entravent mes efforts
depuis tant d'années, j'évite les hommes, néglige les réunions, décommande les
invitations, et éloigne les amis. Il se fait autour de moi du silence et de la
solitude : c'est le calme du désert, solennel, horrible, où par bravade je
provoque l'inconnu, luttant corps à corps, âme à âme. Mes appareils ne suffisent
plus, l'argent me manque, mes mains sont noires et sanglantes, noires comme la
misère, sanglantes comme mon coeur. Je me sens sublime, flottant sur la surface
de quelque mer : j'ai levé l'ancre et je n'ai nulle voilure." Considéré comme
une confession des troubles psychologiques de Strindberg, en particulier son
sentiment de persécution, le roman autobiographique Inferno fait le récit de la
vie de l'auteur à Paris, puis en Autriche et en Suède. Il nous porte face à ses
obsessions noires et tenaces : alchimie, occultisme, paranoïa et névrose.