La femme de trente ans, qui est-elle ? Mariée, elle est au sommet de sa vie, car
c'est là qu'elle prend sa liberté, c'est-à-dire un amant, ce dont Balzac la
félicite, mais que la société punit cruellement. Voici donc l'un des romans les
plus engagés de Balzac, dans lequel il dénonce la condition des femmes, mariées
à des hommes dont elles découvrent trop tard les défauts, et vieilles déjà à la
moitié de leur vie. L'auteur constate l'échec du mariage d'amour et, avec ces
enfants nés sans amour, l'échec de la maternité. Cette histoire sombre, où la
sexualité joue un rôle étonnamment moderne, est traitée avec une grande liberté
de ton : le roman historique croise le roman-feuilleton, et jusqu'aux histoires
de pirates. C'est aussi un véritable essai, où la peinture psychologique mène à
la revendication politique et sociale. À rebours d'une politique des âges de la
vie figée, Balzac montre qu'à tout âge la femme a le droit d'aimer et d'être
aimée, même en dehors du mariage, et d'être reconnue par la société pas
seulement comme épouse et mère, mais comme femme.