"Délectables rivières", "fertilité du rivage", "air si tempéré que la terre y
est capable de tout ce que peut désirer le laboureur", tel est au Vᵉ siècle de
notre ère le Forez qui abrite les amours d'Astrée et de Céladon. Mais l'Astrée
n'est pas seulement un traité d'éducation sentimentale et une somme de
casuistique amoureuse. C'est aussi un roman des origines nationales : les
bergers du Lignon sont des Français à l'état pur, des Gaulois qui ont résisté à
l'invasion des "usurpateurs" romains et de leurs faux dieux, préservé les
coutumes et les libertés de l'ancienne France. Au moment où se développe le
mythe celtique et où Henri IV entreprend de refaire l'unité nationale, l'Astrée
apparaît, par par rapport à l'Italie et à Rome, comme une tentative de
décolonisation culturelle.