Le narrateur du Roman d’Adam et Ève rencontre fortuitement un photographe
entraîné en Russie pour découvrir la résurrection d’un paradis que Staline
aurait fait édifier comme un tableau vivant de l’idéologie communiste. Quelques
signes photographiques de cette enquête lui parviennent par éclipses jusqu’au
silence définitif. Le destin du narrateur va consister à essayer de comprendre
cet élan vers l’inconnu. Il est alors tentant de réduire le roman à une fable
savante sur les conceptions du paradis en Occident : à un univers parfait, dont
l’homme est déchu, a succédé un monde aux lendemains qui chantent. Si le
photographe s’est mis en marche derrière le visible, c’est le leurre de tout
paradis extérieur qu’il fait découvrir au narrateur : le paradis n’est qu’en
l’homme, il est donc un enfer. Son roman est le récit de cette désillusion car
le monde est sans échappatoire. Et il convient d’assumer cette situation ou de
vivre dans le semblant.