Ici c'est La Fourrière, un "village de nulle part" et c'est un enfant qui
raconte : massacrer le chien de "la grosse conne de voisine", tuer le cochon
avec les hommes du village, s'amuser au "jeu de l'arabe", rendre les coups et
éviter ceux des parents.
Ici on vit retiré, un peu hors-la-loi, pas loin de la misère aussi. Dans cette
Guerre des boutons chez les rednecks, les bêtes sont partout, les enfants
conduisent leurs parents ivres morts dans des voitures déglinguées et l'amitié
reste la grande affaire.
C'est un pays d'ogres et d'animaux errants, un monde organique fait de pluie et
de graisse, de terre et d'os, où se répandent les fluides des corps vivants et
ceux des bestioles mortes. Même le ramassage scolaire ressemble au passage des
équarisseurs.
Mais bientôt certains disparaissent, les filles vous quittent et la forêt finit
par s'éloigner.
D'une bagarre l'autre, la petite musique de ce premier roman vous emmènera
jusqu'à l'adolescence, quand la douleur fait son entrée et que le regard change,
dans les turbulences d'une langue outrancière au plus près du rythme de
l'enfance : drôle et âpre, déchirante et fièvreuse, traversée de fulgurances.