Madame de Sévigné, célèbre sans avoir jamais rien publié, demeure sans doute
l'autrice française la plus citée. Le mariage de sa fille, en 1670, avec le
comte de Grignan, et le départ de cette fille idolâtrée pour la Provence
marquent le début d'une correspondance qui veut d'abord et surtout combler le
vide de l'absence. En marge du Grand Siècle et de ses oeuvres d'apparat, les
Lettres de Madame de Sévigné incarnent la conscience intime de son temps. Au fil
des années s'approfondit une de nos plus grandes écrivaines du "moi", qu'il
n'est pas injuste de placer entre Montaigne et Stendhal. De la mode à la Mort,
de Dieu à l'argent, tout se glisse dans la lettre à travers le prisme d'un amour
à la fois sombre et lumineux. La raison des classiques y côtoie une imagination
souvent fantastique ; la sagesse s'y mêle à la folie, le besoin de séduire à
celui de se dire.