Je hais ces mots qui me maintiennent en vie
Je hais ces mots qui ne me laissent pas mourir
Qu’est-ce qui nous anime et nous abîme ? L’amour, la famille, la violence
sociale ? Dans son avant-dernière pièce, Sarah Kane nous emmène dans les
tréfonds du désir, où quatre voix semblent émerger de l’inconscient. La
dépression, symptôme d’une société malade, alimente une bataille éternelle entre
amour et mort. La contradiction est puissante : « Seul l’amour peut me sauver et
c’est l’amour qui m’a détruit. » L’obsession tourne à vide.
L’œuvre de Sarah Kane est courte, mais éclatante. Cinq textes de 1995 à 1999,
qui révolutionnèrent le théâtre britannique – héritière d’Edward Bond, de Martin
Crimp ou d’Harold Pinter, elle expose dans la lumière la plus crue la violence
des relations sociales dans la société contemporaine. Individualisme, angoisse,
amour : avec Manque, Sarah Kane radicalise son écriture vers la poésie, défait
les corps du théâtre et transmet par la littérature la puissance de la
désintégration amoureuse.