Dans l’art du torero, Leiris trouve l’illustration vertigineuse d’un cérémonial
qui se rapproche étrangement de l’érotisme et du sacré, mais surtout de
l’écriture : la mort s’y effleure du bout des doigts. Pour le torero, comme pour
le poète et l’amant, écrit-il, «toute l’action se fonde sur l’infime mais
tragique fêlure par laquelle se trahit ce qu’il y a d’inachevé (littéralement :
d’infini) dans notre condition». Paru en 1938, ce texte, essentiel dans l’œuvre
de Leiris, est devenu le classique de la littérature tauromachique,
indispensable pour contrer les détracteurs de la corrida.