Assoiffé d'aventures, Ishmaël prend le large. De tous les Préface de Jean Giono
navires qui sillonnent les mers au XIXᵉ siècle, les baleiniers sont sans doute
les plus redoutables : c'est sur l'un d'eux qu'Ishmaël s'embarque pour chasser
ces léviathans et gagner l'océan. À bord du Péquod, il fait la rencontre du
capitaine Achab, voué à la destruction d'un seul être : Moby Dick, la baleine
blanche qui jadis emporta sa jambe. Rivé à un unique objet, Achab s'identifie
peu à peu à la baleine, métamorphose qui n'épargne pas son corps : à la place de
sa jambe mutilée trône désormais l'os d'un cétacé. Les considérations
économiques et maritimes, comme les rêves de voyage d'Ishmaël, cèdent le pas
devant l'obsession du marin pour l'effroyable animal. Entraîné par la haine
obstinée de son capitaine, l'équipage voit son horizon progressivement réduit à
la seule ombre blanche de Moby Dick. Derrière le roman d'aventures, Melville
peint les tourments d'une haine passionnelle qui touche au plus brûlant des
amours.