Nous donnons la version publiée par l’auteur, mais nous l’accompagnons des deux
autres la précédant qui ont été découvertes avec deux fragments initiaux.
L’ensemble se complète parfaitement. Nous fournissons encore la postface où un
disciple caractérise l’art du paysage dans ces Notes de l’Ermitage-d’Illusion.
Véritable journal de séjour, les Notes de l’Ermitage-d’Illusion constituent un
superbe texte, aussi ample que dense et profond, devenu un classique des lettres
japonaises. Bashô évoque ses pérégrinations, les sites traversés, sa fatigue,
son bonheur de se reposer en contemplant, depuis son « fauteuil du singe », le
grand lac, en bavardant avec quelques rares visiteurs du cru. Il fait le point
également sur sa vie, peut-être ratée, se questionne sur la fatalité de sa
passion pour la poésie qui ne lui a laissé entreprendre rien d’autre, exprime
ses doutes quant à ce qu’il a composé. L’ermitage, le voyage, l’écriture, tout
n’est finalement qu’« illusion »… C’est la méditation bouddhiste et taoïste d’un
homme que l’on devine malade, tentant de se fondre avec le « principe créateur
de l’univers » (zôka), interrogeant avec sérénité et confiance, à travers «
l’ombre de son ombre », le « Vide originel ». Dans notre introduction, après
nous être attaché à montrer l’influence sur Bashô des Notes de ma cabane de
moine de Kamo no Chômei (1155 ?-1216), nous avons analysé de près l’élaboration
du texte, de brouillons en variantes, et dégagé ses grandes problématiques, pour
terminer par une comparaison assez poussée avec Thoreau, Rousseau et Pétrarque.
A.W. Alain Walter, japonologue et comparatiste littéraire, est l’auteur de
plusieurs livres sur le Japon classique. Il donne ici un sixième volume consacré
à l’œuvre du poète Matsuo Bashô.