Les récits que Baptiste Gaillard développe de livres en livres décrivent des
scènes sans personnages, dans lesquelles seuls des processus anonymes adviennent
: germination, pourrissement, mouvement des fluides, expansions, rétractations.
On est dans le monde sublunaire d’où est bannie toute idée de permanence. Les
livres de Bapistes Gaillard tiennent la chronique de ces événements naturels,
ils en traquent la monotonie. Ici, la «blancheur» du titre fait songer à
l’aveuglement qui précède l’évanouissement. Les phénomènes étudiés dans ce long
poème sont situés à la limite du discernable. Quasi inaudibles, à peine
visibles, furtifs, évanescents, ils se succèdent en s’annulant. Une fois de
plus, rien ne semble devoir en résulter que leur enchaînement ad libitum. D’où
l’ambiance fantomatique qui se dégage d’Ombres blanches sur fond presque blanc.