« Le poème migre / Il s’appelle / Chant sans Terre / il est serpent et dragon /
tout à la fois sol des Migrants et Mer / Sans racine de terre, / Ulysse de
justesse ? » Laure Gauthier poursuit ici son travail poétique sur l’énonciation
et la polyphonie. Ainsi les dialogues de la première suite chorale intitulée Le
terme des lamentations sont de véritables chants tenus par des protagonistes où
se découvrent à la fois l’évocation de personnages classiques de la culture
prémoderne (Abélard, Héloïse…) et la projection d’une sensibilité à fleur de
voix. La deuxième suite poétique intitulée Le serpent b nous entraîne sur les
hautes terres de l’Asie afin d’évoquer la légende chinoise des deux serpents
vivant dans la montagne, et qui, après mille ans d’existence et de méditation,
se transforment en femmes. Ces deux suites ne sont pas étrangères l’une à
l’autre, elles inscrivent un même terrain de l’expérience du monde et de la
relation à l’autre, plus singulièrement, de la relation amoureuse au sens le
plus large et profond qui soit.