Mon corps, mon poème : voix de poétesses arabes contemporaines, préface de
Chawki Abdelamir, textes traduits et présentés par Mohamed Kacimi avec Mouna
Ouafik, Maroc, Lamia Makkadem, Tunisie, Réda Ahmad, Égypte, Violette Abu Jalad,
Liban, Nida Younis, Palestine, Rama Wehbé, Syrie et Afyaa Al Asadi, Irak. La
revue Po&sie publie dans ce dossier des poèmes inédits de sept poétesses arabes
contemporaines dont la résistance aux multiples oppressions qu'elles subissent
passe par la revendication d'une poésie incarnée, sensuelle, érotique. Ces
poèmes sont d'une grande force. Cette petite anthologie comble un manque
évident. Voici quelques mots du poète Chawki Abdellamir, membre du comité de la
revue Po&sie et concepteur de cette anthologie dont il explique le titre : « En
2024, un acte de résistance secoue l'Iran : Ahou Daryaei, une jeune étudiante
harcelée par les forces de sécurité pour avoir refusé de porter le maghnaeh,
hijab, obligatoire, transforme sa révolte en performance. Sur le campus de son
université, elle se dévêt et défile en sous-vêtements, incarnant dans sa chair
même le poème vivant que tant de poétesses contemporaines tentent d'écrire avec
leurs mots. Son corps nu devient manifeste, brandit face aux Mollahs comme
l'ultime déclaration : « Mon corps est mon poème ». Cet acte de bravoure fait
écho au combat que mènent aujourd'hui les poétesses arabes contemporaines.
Chacune, avec sa sensibilité propre, se livre à un dévoilement symbolique à
travers l'écriture. Leurs textes abordent la nudité et le rapport au corps avec
une audace nouvelle, dans une langue intrépide qui refuse tout compromis. Le
dossier occupera les deux tiers du numéro. Il sera complété par la publication
des poèmes de la poétesse Rachel Galvin traduits par Camille Bloomfield et par
deux proses : une prose du grand critique Jean-Yves Tilliette consacrée à des
vers de Pétrarque et une nouvelle version du Méridien de Paul Celan, traduit et
annoté par Michel Murat. Dans une lettre à Hans Bender?du 18 mai 1960, Celan
écrivait : « Seules des vraies mains écrivent de vrais poèmes. Je ne vois pas de
différence de principe entre un poème et une poignée de main ». Il y a beaucoup
de mains tendues dans les poèmes vibrants des poétesses arabes : au terme du
numéro, elles serrent celles de Celan.