Hoffmann rêva toute sa vie du ciel doré de l'Italie : un ciel qu'il ne put
jamais apercevoir qu'en songe. Raison pour quoi, sans doute, il logea Princesse
Brambilla dans le décor le plus italien qui se puisse imaginer : le carnaval de
Rome. Raison pour quoi, surtout, ce roman bref se trouve être le plus vibrant
appel qu'il ait adressé de sa vie à la fuyante beauté : occasion de conjuguer sa
fantaisie la moins retenue et le meilleur de cette ironie mélancolique qui est
son élixir secret. Baudelaire voyait là la quintessence de l'imaginaire
romantique : "Il faut lire Hoffmann, et surtout, avant tout, Princesse
Brambilla, qui est comme un catéchisme de haute esthétique." Quant à Stefan
Zweig, préfacier de la présente édition, il ajoute : "Une chose reste pour
toujours propre à E.T.A. Hoffmann et inimitable : cet étrange amour de la
dissonance, des tons intermédiaires nets et aigus ; celui qui sent la
littérature comme une musique n'oubliera jamais ce ton-là."