Dès ses débuts, la revue L’Ours Blanc a accueilli des textes accompagnés
d’interventions graphiques de leurs autrices, lesquelles étaient également des
artistes plasticiennes : Joana Blanc (no 5), Chloé Berthet (no 7), Nelly Maurel
(no 8). Puis elle a renoué avec cette habitude grâce à Benoît Caudoux (no 40).
Le numéro 44 poursuit cette pratique en publiant la partie graphique et
textuelle du travail expérimental poursuivi par Cécile Sans et Natacha Muslera à
l’occasion d’une résidence qui les a réunies à la villa Daroze, près du port de
La Ciotat.
Tandis que se déploie dans de brefs textes la réflexion poétique de Cécile Sans,
Natacha Muslera compose de la musique et « dessine » des partitions qui font
penser à des reliefs montagneux. Dans l’intimité de l’atelier partagé, langage
et musique s’échangent ; le poème rencontre la (géo) graphie précise des
partitions-paysages. A notre époque où il est devenu courant d’accompagner les
lectures d’un habillage musical, le travail conjoint de Natacha Muslera et
Cécile Sans affiche d’autres ambitions : interroger la genèse de l’image
poétique et, dans un même mouvement, le rapport entre la musicalité et le sens
des mots.