Le nouveau recueil poétique de Kae Tempest renoue avec les motifs puissants de
Étreins-toi et Courir sur les cordes, où quête de soi et identité rencontrent la
relation amoureuse. Ici, Kae s’engage dans une poésie plus introspective,
explorant les ressorts intimes de la pulsion de vie, qui se cognent aux
injonctions sociales. De ces poèmes émane un puissant désir de se relier à la
nature dans ses manifestations les plus simples (un bruissement de feuilles, ou
un chant d’oiseaux dans la forêt) qui prennent la forme de calligrammes, propres
à donner corps à la contemplation.
Au fil de ces fragments de vie, Kae Tempest ne cesse de rappeler la terrible
torpeur du quotidien, dépassée par la puissance du lien aux autres et la force
de la multitude. Divisible par lui-même et par un est un livre sur l’enveloppe
humaine, le corps éprouvé comme frontière et par lequel le monde nous lit. Il
ressort de ces vers un profond souhait d’authenticité, et tout l’effort que
coûte de s’arracher à soi, aux masques sociaux imposés par une société
normative, aux modèles d’épanouissement fixés par le couple ou un travail
productif. Cette quête d’intégrité est sans doute le motif qui fait de Kae
Tempest une voix si originale de notre époque.