Monique Wittig compose le scénario de Jeanne d’Arc, ou plutôt Jeanne Rommée, car
dans mon pays les filles prennent le nom de leur mère dans les années 1980 à
partir des paroles prononcées par Jeanne lors du procès de Rouen (1431). Le film
met en scène son entraînement clandestin au moment où le pays est aux mains des
Anglais et des Bourguignons. Tandis que sainte Catherine lui apprend l’histoire,
la stratégie, la tactique, la géographie, l’entraînement physique, l’équitation,
l’art de la lance et de l’épée, sainte Marguerite se chargera de lui enseigner
les manières et l’attitude, à la cour comme à la guerre.
L’écriture du scénario est achevée en 1988 et Sande Zeig, Delphine Seyrig et
Julie Christie sont pressenties pour les rôles principaux. Si le film ne voit
finalement pas le jour, Wittig n’en prendra jamais totalement congé, évoquant
jusque tard dans les années 1990 son désir de le transposer en livre. Demeuré
inédit, ce scénario vient désormais s’ajouter à la liste de ses œuvres.
Monique Wittig (1935-2003) publie son premier roman L’Opoponax en 1964 et reçoit
le prix Médicis. En 1968, elle participe aux évènements de mai puis joue un rôle
majeur dans l’émergence du mouvement de libération des femmes. Elle publie Les
Guérillères en 1969, Le Corps lesbien en 1973. Le Brouillon pour un dictionnaire
des amantes, écrit avec Sande Zeig, paraît en 1976, année de son départ aux
États-Unis où elle enseigne dans plusieurs universités. Son quatrième roman,
Virgile, non, est publié en 1985. Suivent Paris-la-politique et autres histoires
en 1999 et La Pensée straight en 2001. Le Chantier littéraire, livre posthume, a
paru en 2010.