« J’étais dans la foule », la phrase revient au fil des pages, au gré des
mouvements des passants et des passantes. Là où le « je » se perd à imaginer les
drames et les plaisirs que cachent les corps anonymes. Paysages de jour et de
nuit, habités par ce désir anxieux de multiplicité, par la douceur trompeuse de
l’anonymat. Les mots se confrontent à cette ambivalence, subissant cet effet
d’attraction ou de répulsion. On s’absente parfois en regardant la circulation
lointaine des lumières blanches, des silhouettes brumeuses, dans ces heures
d’affluence où les hommes et les femmes se croisent avant de s’éparpiller au
hasard des rues.
J’étais dans la foule est un recueil qui travaille de manière entêtante autour
de ce motif, comme une spirale. Couleurs, animaux, nouvelles du monde lointain,
actualités glaçantes, chaque poème joue des contrastes à l’instar de cette foule
disparate, qui contraint et échappe, qui inquiète et ravit.