Un journal de bord retrace, après coup, un chemin parcouru rythmé d’étapes et de
haltes. La particularité de celui de Georges Séféris est qu’il est formé de
poèmes. Ces recueils sont la marque et le témoignage d’un itinéraire
géographique (en sa qualité de diplomate, Georges Séféris se déplaça beaucoup en
Europe), historique, le présent de la Grèce reflète celle de l’Antiquité, mais
aussi intérieur et existentiel. Il est tout à la fois un voyage à travers le
monde et celui à travers la langue.
ournal de Bord I, II, IIILe nom du roi d’AsinéJournal de bord
Jregroupe trois recueils qui marquent autant d’étapes dans la production
poétique de leur auteur. Le premier, écrit entre 1937 et 1940, le deuxième,
entre 1941 et 1944, et le troisième, entre 1953 et 1955, couvrent une période
trouble qui va des prémices de la Seconde Guerre mondiale au prélude du drame
chypriote.La traduction que propose Vincent Barras tente au plus près de
maintenir les spécificités de la langue grecque: rythme sobre et sévère. Poésie
consciente et pessimiste, comme sur le retour, elle se refuse à s’abîmer dans
les excès du lyrisme. Ses poèmes, déployant plus un monde sonore que musical,
parlent plus qu’ils ne chantent. Ou alors ils psalmodient. Yves Bonnefoy, dans,
parle de Georges Séféris en ces termes : « L’auteur dun’est pas de ceux qui
plantent sur les tours d’un lyrisme facile les oriflammes de l’éros, pratiqué de
façon directe ou détournée mais toujours dans la solitude du moi, supposée
rendue légitime par la beauté des paroles. Ses poèmes sont un échange conduit
avec quelques proches ou proposé à d’autres personnes pouvant ainsi devenir des
proches, dans une relation qui aide à leur liberté. Séféris a tôt et
profondément compris que le devenir de l’esprit passait par l’évolution, la
révolution, du rapport du moi et de l’autre; et que cette recherche avait une de
ses voies dans la création poétique. »