Annoncé à paraître en octobre 1926 par les éditions de la N.R.F., La Défense de
l'infini fut frappé d'interdit par le groupe surréaliste, dont Aragon faisait
alors partie. Accusé par ses amis de "céder à la tentation littéraire", il
renonça à la publication de son oeuvre. Après une longue période de silence à
propos de cet événement, il déclarait à Dominique Arban, en 1968 : "Il est
certain que, dans le domaine de l'écriture, nous avions, les uns par rapport aux
autres, des abîmes entre nous, que nous vivions sur de fragiles compromis. Dès
les premières années, je dois vous l'avoir dit, le problème du roman s'est posé
entre nous. J'ai toujours considéré le roman comme un moyen d'expression qui ne
peut pas se limiter à ce qu'il est, qui doit se transformer, mais aussi une arme
de l'expression, qu'on ne saurait abandonner." Mais dans l'enchaînement de son
oeuvre publié demeure ce vide de huit années qui sépare la publication du Paysan
de Paris en 1926 de son roman suivant, Les Cloches de Bâle, publié en 1934. Ce
vide est aujourd'hui en partie comblé par la publication des fragments de La
Défense de l'infini, dont, il faut en prendre notre parti, nous n'aurons jamais
connaissance totale.