Le jeune Marcel grandit, abandonné à lui-même, dans une famille désunie. Le
bouillonnement de l'adolescence l'effraye : il se sent traversé par des
instincts violents, et les avances d'un chauffeur de maître lui font prendre
conscience de son homosexualité latente. Terrorisé par le sentiment d'être
différent des autres, Marcel décide, une fois adulte, de devenir comme tout le
monde, irréprochablement normal. Or dans l'Italie de Mussolini, être normal,
c'est être fasciste : Marcel a mis le doigt dans un engrenage terrible qui le
conduira très loin... Dans ce roman publié en 1951, Alberto Moravia pose la
douloureuse question des raisons qui ont conduit tant de consciences vulnérables
à perdre tout esprit critique. Comment un homme moyen en arrive-t-il à devenir
un assassin ? Dans la peur de soi et dans le besoin d'être conforme, dans la
pression qu'exerce la société sur ceux qui s'écartent des modèles qu'elle prône,
le romancier décèle la source de ces abdications intérieures. Par son honnêteté
et sa clairvoyance, Moravia s'affirme comme l'un des écrivains les plus lucides
sur les aberrations de la conscience de notre temps.