S'aventurer dans la lecture d'un livre de Janet Malcolm est une tâche aussi
passionnante que dangereuse. Il faut parfois effectuer maints détours pour
approcher et saisir le coeur de ce qui nous concerne. Le Journaliste et
l'Assassin ne fait pas exception et c'est par le biais d'un fait divers que
Janet Malcolm interroge la relation entre l'écrivain et son sujet.L'histoire est
à tiroirs : le 17 février 1970, une mère et ses deux fillettes sont retrouvées
assassinées dans leur appartement. Jeffrey MacDonald, le père blessé, ancien
médecin militaire, est d'abord innocenté avant que les soupçons nombreux n'en
fassent le principal suspect. Un écrivain sans succès, Joe McGinniss,
s'intéresse à l'affaire et entre en contact avec le présumé coupable et ses
avocats. Une relation d'amitié naît, les deux hommes se côtoient jusqu'au
procès, échangent, s'écrivent, se confient jusqu'au verdict qui condamne
MacDonald à la prison à vie. Accablé, l'écrivain ne cesse de témoigner son
affection et sa tristesse dans leur correspondance. Quatre ans plus tard, le
livre paraît. Mais à la grande stupéfaction du prisonnier, celui qu'il croyait
être son ami offre un portrait à charge d'un homme qu'il considère comme un
psychopathe et dont la culpabilité est à ses yeux une certitude. MacDonald du
fond de sa cellule attaque le journaliste pour "tromperie et violation du
contrat'. C'est le début d'une folle affaire judiciaire dont l'objet n'est autre
que ce dilemme moral posé à quiconque s'empare par la plume de la vie des
autres.Le journaliste qui n'est ni trop bête ni trop imbu de lui-même pour
regarder les choses en face le sait bien : ce qu'il fait est moralement
indéfendable.