L'oeuvre de Schopenhauer reste en France encore largement méconnue. Disséminée
en de multiples opuscules de philosophie digeste et d'aphorismes divertissants,
elle a ainsi vu son unité malmenée au gré des publications tronquées. La
parution d'une traduction inédite du Monde comme volonté et représentation offre
ainsi l'occasion de reporter l'attention sur l'entreprise proprement
philosophique de Schopenhauer, sur l'intention fondatrice qui unit tous ces
développements éparpillés au gré des découpages éditoriaux. Le Monde est
l'ouvrage dont il faut sans cesse repartir pour comprendre Schopenhauer. Il est
toujours risqué de proposer une nouvelle traduction d'un grand ouvrage. Pour le
Monde, le risque est peut-être plus grand encore, puisque que l'on s'est
accoutumé, en France, à entendre parler Schopenhauer dans les mots d'une
traduction incomplète et datant maintenant de plus d'un siècle. Or voilà déjà
longtemps que la nécessité se faisait sentir d'offrir aux lecteurs francophones
la possibilité d'accéder à une image plus moderne, et nous l'espérons plus
fidèle, de la pensée du maître de Nietzsche.