Écrites il y a plus de deux mille ans, les Géorgiques de Virgile sont beaucoup
plus que ce qu'on en dit généralement, un traité d'agriculture didactique. C'est
justement la vertu de la traduction de Frédéric Boyer de révéler sous ce
stéréotype, par le lyrisme ferme et vif de son vers libre, un chant de plus
d'ampleur et de plus grande conséquence. C'est de l'affrontement de l'homme à
son milieu naturel, de l'expérience d'un lien sensible et incertain entre
l'homme et les mondes végétal et animal, d'un éloge de la beauté et de la
fragilité des choses que ce vaste poème nous entretient. Le titre que lui donne
Frédéric Boyer, Le souci de la terre, rend magnifiquement compte de cette
réévaluation de l'oeuvre, indiquant donc combien elle rejoint les préoccupations
contemporaines.