Ses cheveux étaient comme vraiment très noirs, ses yeux clairs comme vraiment
très paisibles et limpides, le teint comme vraiment très tendre et pâle, mais
d'une santé comme trop claire et certaine, ses dents, de vrais rangs de perles,
ses lèvres, du corail - on aurait dit, le plus bel homme possible, et, en même
temps, il avait comme quelque chose de repoussant. On disait que son visage
faisait penser à un masque ; du reste, on disait beaucoup de choses...
Veules, médiocres, obscurs, les acteurs de ce drame - une sombre conspiration
nihiliste dans une quelconque ville de province - gravitent autour de la figure
de Stavroguine, démon baudelairien, "homme de l'orgueil, homme du défi - mais
d'un défi dans le vide".
Car ce roman (c'est le traducteur qui souligne) "n'existe finalement que pour
semer le trouble, égarer, emporter, faire tournoyer, tournoyer, attraper des
éclairs, et, à la fin, après plus de mille pages de cyclone, par une espèce de
bouffonnerie indifférente, pas même grimaçante, non, grotesque, abandonner le
lecteur, essoufflé, avec rien. Possédé."