Soixante-trois ans après celle qu’en donna Philippe Jaccottet en 1960, ce roman
considérable est ici proposé dans une nouvelle traduction de Dominique Tassel
(traducteur — notamment de Freud, Thomas Mann, Stefan Zweig, ou encore de Franz
Kafka...), rendant toute sa vérité au texte original, à son écriture souvent
rugueuse et d’une extrême brutalité, noir sur blanc pourrait-on dire, au contenu
sexuel traité franchement, et politique — en rapport « avec les tortionnaires
sexuels que Musil qualifiera plus tard, après la naissance du nazisme, de «
dictateurs in nucleo ». Présentation du roman : Salué dès sa parution en 1906
par un des plus grands critiques allemands de l’époque, Alfred Kerr, "Les
égarements de l’élève Törless" fut le seul succès littéraire de Musil de son
vivant. Ce roman philosophique, autrement qualifié de «roman d’apprentissage»,
débute avec l’entrée du jeune Törless dans une école privée huppée de la fin de
la monarchie en Autriche-Hongrie. Jusqu’au moment où un événement majeur se
produit au sein de l’école : un vol d’argent, soit un acte hors des normes d’une
idéologie aristocratique régissant l’éducation de ces jeunes gens destinés aux
plus hautes fonctions... Ce qui intéresse Musil dans son livre, c’est la nature
des troubles auxquels la sensibilité littéralement hors du commun de Törless est
exposée. Opposition de ce fait mise à l’épreuve par une connivence de l’élève
avec des congénères mus par une double ambition, politique pour l’un et
philosophique orientaliste pour l’autre. Cette ambition a besoin d’une victime,
laquelle sera précisément l’auteur du vol, Basini, qui, identifié comme tel, va
faire l’objet de sévices sexuels. Törless ne s’identifiera quant à lui jamais ni
à cette double ambition ni aux souffrances de la victime; cependant ce que les
tortionnaires sexuels ressentent en torturant et ce qu’éprouve la victime
l’interrogent...