L'Angleterre a connu, cent quarante ans avant la France, une révolution, un
parlement régicide, une république et une restauration fertile en règlements de
comptes. Victor Hugo a choisi ce dernier épisode pour brosser un tableau épique
de l'aristocratie anglaise à travers la destinée extraordinaire de Gwynplaine,
l'Homme qui Rit. À la fois roman d'aventures, exposé historique et social, drame
injouable et poème visionnaire, ce roman est le plus fou de tous les romans de
Hugo. C'est aussi le plus riche de toutes les obsessions de son auteur. On a cru
pouvoir, à son propos, citer Freud et le surréalisme. Le bateau pris dans la
tempête, la vision du pendu servant de vigie, la cabane-théâtre des
saltimbanques, les tirades philosophiques d'Ursus, les machinations du traître
Barkilphedro, la chirurgie monstrueuse d'Hardquanonne, le portrait de la
princesse perverse, l'or des palais et le scandale à la Chambre des lords sont,
plus que des morceaux de bravoure, des morceaux d'anthologie.