Collection dirigée par Michel Zink
La collection Lettres gothiques se propose d’ouvrir au public le plus large un
accès à la fois direct, aisé et sûr, à la littérature du Moyen Age.
Un accès direct en mettant sous les yeux du lecteur le texte original ; un accès
aisé grâce à la traduction en français moderne proposée en regard, à
l’introduction et à des notes nombreuses ; un accès sûr grâce au soin dont font
l’objet la présentation du texte et son commentaire. La collection Lettres
gothiques offre ainsi un panorama représentatif de l’ensemble de la littérature
médiévale.
On a souvent voulu voir en Rutebeuf un prédécesseur de Villon : même gouaille
caustique du poète parisien, même peinture caricaturale et apitoyée de soi-même.
Certes, Rutebeuf a aussi, sur commande, mis sa poésie au service des grandes
polémiques et des grandes causes de son temps (la crise de l’Université, les
croisades, la piété). Il a composé avec Le Miracle de Théophile une des
premières pièces de théâtre en français. Mais les vers qui restent en mémoire
sont bien ceux où le poète, jouant sur les mots avec une facilité nerveuse et
une lassitude nonchalante, égrène ses « soliloques du pauvre », victime de la
misère et prisonnier du vice.