Né à Tôkyô en 1892, Akutagawa Ryûnosuke se suicida en 1927. Son aîné d'une
dizaine d'années, le grand romancier Shiga Naoya, dit à cette occasion : "Il ne
pouvait pas faire autrement". Akutagawa était en effet torturé par diverses
maladies : du coeur, de l'estomac, de l'intestin, sans parler de sa
neurasthénie. En dépit de ses souffrances et d'une vie si brêve, il produisit
près de cent quarante titres. La plupart de ses oeuvres sont des contes... Dès
la publication du Nez, en 1916, il fut reconnu comme un maître et obtint
l'amitié de Natsume Sôseki, l'auteur du Pauvre coeur des hommes. En un temps
(l'ère Taishô, 1912-1925) où les lettres japonaises se partageaient entre
naturalisme, décadence et idéalisme, cet homme très cultivé, formé aux lettres
européennes, mit sa passion à redécouvrir la technique du récit bref. Violents,
étincelants, palpitants mais toujours dominés par un métier parfait, une langue
savante et variée, ces contes furent traduits par Arimasa Mori, qui leur
consacra dix ans de son travail. On y lira, notamment, une des nouvelles
d'Akutagawa qui sont à l'origine de Rashômon, le célèbre film japonais.