Et si la poésie était précisément celle qui entend la plainte du monde « et la
transforme en poème », ainsi que l’écrit la poétesse occitane Aurélia Lassaque ?
Si elle servait justement « à garder le cap de la belle espérance », comme le
suggère l’écrivain et slameur camerounais Marc Alexandre Oho Bambe ? Si elle
était « notre toit, notre nourriture, notre chanson », la poésie, comme le clame
haut et fort la Syrienne Hala Mohammad ? Malgré les guerres et la haine, malgré
les pogroms et les vengeances aveugles, malgré le piétinement de l’Histoire à
notre porte, l’art, l’écriture, la poésie continuent inlassablement à dire
qu’une autre voie est possible. À Sète, depuis plus de quinze ans, le festival
Voix Vives de Méditerranée en Méditerranée offre un écrin à cette espérance.
Pendant dix jours, des poètes venus d’Europe, d’Afrique du Nord, des Balkans et
du Moyen-Orient, invitent le public à partager le pain du poème. Voyez, le vent
se lève, qui emporte avec lui le pollen des mots. Écoutez, écoutez, juste le
temps d’une trêve… Elle porte en elle tous les rêves du monde.